Carrefour et sa Réorganisation du Travail : Décryptage d’un Modèle Controversé
Une Taylorisation Controversée
Depuis des années, Carrefour, un leader de la grande distribution, est au centre de nombreux débats liés à ses méthodes organisationnelles. Récemment, le 5 octobre, les projecteurs étaient de nouveau braqués sur l’enseigne alors que sa direction était attendue à la cour d’appel de Paris. Cette comparution est la conséquence d’une mise en cause quant à une réorganisation du travail présumée dangereuse pour ses employés.
TOP – Une Nouvelle Facette du Travail
En juillet 2020, Carrefour introduit un projet innovant, appelé TOP (pour Team Organization Project). L’objectif? Décupler la productivité en segmentant à l’extrême les responsabilités de chaque employé. Ainsi, les équipes sont réduites et spécialisées :
- L’équipe “Front” est dédiée à la mise en rayons,
- L’équipe “Scan” (ou “Data”) gère les étiquettes et la péremption,
- L’équipe “Back” supervise la réception et la mise en place des marchandises en magasin.
Les conséquences de cette stratégie sont décrites par Frank Gaulin, délégué national CGT, comme un véritable cauchemar quotidien pour les employés.
Des Conséquences Nocives pour la Santé ?
Un expert en ergonomie a été sollicité pour étudier le premier magasin ayant adopté cette nouvelle organisation. Ses conclusions, rendues en septembre 2020, sont sans appel. La répétition et la limitation des tâches accentuent le risque de troubles musculo-squelettiques, des affections qui peuvent avoir des conséquences irréversibles et nuire gravement à la santé des employés. Suite à ces révélations, la CGT a obtenu, en novembre 2020, la suspension de la mise en place du projet TOP et a demandé une évaluation complète des risques.
Des Sanctions Judiciaires Contre Carrefour
En juillet 2022, la justice a statué en faveur de la CGT, condamnant Carrefour à payer 18 millions d’euros pour avoir enfreint l’ordonnance de 2020. En effet, le projet TOP avait été déployé dans 33 autres magasins malgré l’interdiction. Cette affaire, qui est actuellement examinée en appel, soulève des questions essentielles sur la responsabilité des entreprises vis-à-vis de la santé et du bien-être de leurs employés.
Une Stratégie Lucrative pour l’Entreprise ?
Malgré les controverses, les méthodes de Carrefour semblent avoir un impact économique positif. En effet, au premier semestre, les bénéfices du groupe se sont élevés à 326 millions d’euros. Par ailleurs, la direction a déclaré son intention de racheter 800 millions d’euros d’actions cette année, confirmant la bonne santé financière de l’entreprise.
Une Quête Perpétuelle de Profitabilité
Derrière cette réorganisation se cache une stratégie de réduction des coûts orchestrée par Alexandre Bompard, PDG de Carrefour depuis 2017. Les syndicats considèrent le projet TOP comme une manifestation de cette politique, visant à réaliser 4 milliards d’euros d’économies. Les coûts réduits et la hausse des prix ont permis d’augmenter la profitabilité de l’enseigne.
Les Employés au Cœur de la Tourmente
Alors que la direction de Carrefour vise une profitabilité accrue, les employés, eux, paient le prix fort. La réduction des coûts implique des ajustements dans la manière dont le travail est exécuté, souvent au détriment de la santé des salariés.
Le Futur de Carrefour et ses Employés
L’issue de cette affaire devant la cour d’appel est encore incertaine. Cependant, elle souligne l’importance de prioriser la santé et le bien-être des employés. Le défi pour Carrefour sera de trouver un équilibre entre profitabilité et responsabilité sociale.
Carrefour à la croisée des chemins : Un modèle d’organisation contesté
Une transformation radicale pour Carrefour
Depuis ses débuts, Carrefour s’est positionné comme un pilier de la grande distribution en France. Ses magasins omniprésents et son rayonnement international témoignent de sa réussite. Cependant, l’entreprise n’est pas sans controverses, en particulier concernant ses récentes méthodologies de travail. L’affaire du projet “TOP” (Team Organization Project) en est un exemple frappant.
La mise en place de ce système a entraîné la parcellisation des tâches de ses employés, cherchant à maximiser la productivité. En conséquence, le personnel a été divisé en trois équipes distinctes, chacune avec des responsabilités très spécifiques.
Des équipes restructurées, une organisation bouleversée
L’équipe “Front” se focalise sur la mise en rayons, l’équipe “Scan” supervise les étiquettes et les dates de péremption, tandis que l’équipe “Back” gère la réception et la disposition des palettes. La nature rigide de cette organisation a fait écho à la célèbre scène de “Les Temps modernes” de Charlie Chaplin, où la répétition et la mécanisation du travail étaient au cœur de la satire.
Frank Gaulin, délégué national CGT, a décrit cette organisation comme une machine bien huilée, mais à quel prix ? Chaque équipe, cloisonnée dans ses tâches, ne pouvait pas déborder sur le territoire de l’autre, créant ainsi des silos. Cette structuration pouvait donner l’impression d’efficacité, mais elle cachait en réalité une face sombre pour les salariés.
Les conséquences d’une productivité poussée à l’extrême
L’accent mis sur la productivité a conduit à la sur-sollicitation des employés, avec des gestes répétitifs pouvant causer des troubles musculo-squelettiques (TMS). Ces TMS, potentiellement dévastateurs, peuvent entraîner des douleurs chroniques, rendant la réalisation de tâches quotidiennes difficile voire impossible. Une telle organisation peut donc avoir des répercussions profondes sur la santé des salariés.
Suite à ces observations, la CGT a porté l’affaire devant les tribunaux. L’ordonnance du 20 novembre 2020 a suspendu la mise en œuvre du projet TOP, demandant une évaluation complète des risques professionnels. Cependant, la saga juridique n’était pas terminée.
Une lutte continue pour la justice
Malgré l’ordonnance initiale, Carrefour a poursuivi le déploiement du projet TOP dans d’autres magasins. Suite à cette apparente défiance, le tribunal a de nouveau statué en faveur de la CGT le 12 juillet 2022, avec une amende conséquente de 18 millions d’euros pour Carrefour.
Cette affaire souligne l’importance de concilier les ambitions économiques avec le respect et le bien-être des salariés. Le débat sur la pénibilité au travail, en plein cœur des discussions sur la réforme des retraites, montre que ce sujet reste d’une actualité brûlante.
Le futur de Carrefour : entre rentabilité et responsabilité
Le défi pour Carrefour, comme pour de nombreuses multinationales, est de trouver un équilibre entre rentabilité et responsabilité sociale. Il est clair que les réductions de coûts et l’augmentation des profits sont essentielles pour la survie de l’entreprise, mais elles ne doivent pas se faire au détriment de la santé et du bien-être des employés.
Alors que les actionnaires célèbrent une hausse de 5,1 % des bénéfices, il est essentiel de se rappeler les individus qui se tiennent derrière chaque chiffre. Après tout, une entreprise florissante est soutenue par ses employés dévoués.
Face à ces événements, il est essentiel pour Carrefour de reconsidérer son approche, en plaçant l’humain au centre de ses préoccupations.
Carrefour, symbole de la grande distribution française, est à un carrefour. Les choix qu’elle fera dans les mois et années à venir détermineront non seulement son futur, mais aussi celui de ses nombreux employés. Une chose est sûre, la route vers une entreprise plus humaine et responsable est essentielle, non seulement pour Carrefour, mais pour l’ensemble du secteur.
L’article Le système de travail chez Carrefour décodé : comment le taylorisme a redéfini les rôles ! est apparu en premier sur Garçonne Magazine.